Rapport moral 2018

Assemblée Générale du 19 Mai 2019

La première année d’existence de notre association s’est achevée le 31 décembre 2018 et nous sommes heureux de partager avec vous le résumé de nos activités, sans oublier de parler de nos projets.

Tout d’abord, je veux évoquer rapidement l’histoire de la fondation notre association  qui est émaillée de rencontres magnifiques :

Découverte d’Hélène par Jérôme, échanges à Périgueux, en 2013 Bénédicte rencontre Mme et Mr Des Courtils et fait part de son envie d’organiser des concerts dans le salon du château. Bénédicte et Jérôme organisent des concerts à partir de 2014. Devant le succès rencontré nous décidons de créer cette association.

Elle repose sur la générosité et les énergies de la famille Des Courtils, de Jérôme Dorival mais aussi du bureau de l’association, et particulièrement Thierry Vorgers, secrétaire et Jacques Sallès, trésorier, autant pour leur action stratégique dans l’administration que par leur implication directe et leur talent  (Thierry =lectures Chénier, Jacques =captations très utiles pour la mémoire, les archives).

Nous avons aussi bénéficié des bons conseils de Géraud Chirol qui est président du fond de dotation de l’orgue espagnol de Fresnes, par ailleurs directeur du conservatoire= efficacité dans la gestion des problèmes.

Nous pouvons dès maintenant considérer que l’association va trouver son régime de croisière car après les diverses démarches, nous avons aussi adhéré à un organisme qui permet de rétribuer les artistes dans les règles, le Guso et nous avons contracté une assurance responsabilité civile qui nous met à l’abri de déconvenues particulièrement fâcheuses.

Au chapitre des réalisations 2018 :

  • Tout d’abord une première campagne d’adhésion qui s’est traduite par l’arrivée au sein de l’association de 35 membres ;
  • Ensuite, l’organisation de deux concerts :
    • Le 23 septembre, le Concert-Lecture « Hélène de Montgeroult – André Chénier » ;
    • Le 7 octobre, le Concert «Hélène de Montgeroult-Mozart » ;

qui ont drainé une centaine de personnes.

Grâce à la générosité des artistes, ces concerts ont permis d’arrondir quelque peu la trésorerie balbutiante de l’association.

Au chapitre des relations publiques, nous nous sommes fait connaître du Parc Naturel Régional dont nous espérons le soutien prochain et du Festival Baroque de Pontoise, avec lequel nous allons collaborer dès cet automne.

Donc :

Dimanche prochain, le 26 mai, à 16h30, concert au château de Montgeroult: concert sur double clavicorde avec pédale, un instrument rarement entendu, par Jean-Luc Ho : Récital Johann Sebastian Bach (1685-1750), Vater unser im Himmelreich BWV 636, Fantaisie chromatique & Fugue BWV 903, Suite Française en Sol majeur BWV 816, Ciaconna (extraite de la Partita pour violon BWV 1004, adaptation Yves Rechsteiner),Toccata & Fugue « dorienne » en ré BWV 538.

A noter, tout particulièrement, le dimanche 13 octobre à 16h30, concert au chateau de Montgeroult, EN ASSOCIATION AVEC LE FESTIVAL BAROQUE DE PONTOISE, un programme  autour de femmes compositrices (dont Hélène de Montgeroult, bien évidemment), Nocturnes d’hélène de Montgeroult, Lieder de Clara Schumann., programme en cours d’élaboration) accompagné de lectures  de critiques de l’époque par Thierry Vorgers.

Nous évoquons en ce moment la possibilité de faire un événement musical le 20 octobre, plusieurs pistes sont à étudier. A ce propos, la mairie de Boissy L’Aillerie nous octroie une enveloppe de 400€, qu’elle en soit vivement remerciée, la mairie de Montgeroult semble disposée à subventionner notre association sans compter le PNR pour lequel un dossier a été déposé.

D’autres propositions émanent de la part de Jérôme auxquelles nous saurons donner suite. Les demandes pour venir jouer au château commencent à affluer nous essayerons de faire les programmations les plus intéressantes, une offre généreuse permet de faire des choix.

Projet de plus longue haleine, nous envisageons, avec le concours de diverses personnes, dont les propriétaires du château de Montgeroult, de déposer un piano-forte, pour faciliter l’organisation des futures manifestations, sur un instrument historique de qualité.  Cette restauration est assez complexe.

Dans les projets également, nous sommes en train de réaliser un site HdM pour faire connaître notre action grâce à Sébastien Fleury qui travaille bénévolement pour nous.

En résumé, trois perspectives :

  • la pédagogie dans les écoles par des interventions ponctuelles (favoriser la fréquentation d’un jeune public dans les concerts)
  • l’émergence de jeunes musiciens (qui ont souvent une visibilité réduite malgré leur talent)
  • trouver des partenariats avec d’autres associations pour être plus efficaces et mieux diffuser notre action.
  • Par là même nous pourrons investir d’autres lieux pour décharger nos amis Des Courtils et proposer ainsi une saison plus fournie.

La musique est notre fond commun, notre mémoire, à nous de l’exploiter  de la faire connaître, de favoriser des réveils pour notre plus grand plaisir à tous et plus d’humanité partagée.

Emile Jobin

Président

Deux concerts exceptionnels au château de Montgeroult les 19 et 26 mai 2019

Venez découvrir, par des interprètes de renom, le raffinement de la musique du Grand Siècle et des Lumières.

Vous avez manqué le concert ? Lisez les chroniques de Jérôme Dorival, musicologue :

Airs de cour au château de Montgeroult

Concert du 19 mai

Monique Zanetti, chanteuse, et Claire Antonini, au luth et au théorbe, ont fait découvrir au public du château de Montgeroult, ce dimanche 19 mai 2019, quelques perles tirées de l’air de cour. Ce genre, né à la fin du XVIème siècle, s’est parfaitement épanoui au cours du XVIIème, depuis Henri IV jusqu’à la jeunesse du roi Louis XIV, en passant bien sûr par Louis XIII. Ces œuvres étaient donc particulièrement à leur place dans le grand salon du château, leur décor naturel (si on peut dire), qui leur permettait de se déployer superbement dans ce lieu si favorable acoustiquement.
Beaucoup d’émotion dans ces chants destinés plus à l’intimité qu’à la scène, dans lesquels l’alliance de la musique et de la poésie se révèle subtile et prenante. L’imaginaire est simple et l’amoureux décline sous toutes les formes possibles les tourments d’amour que lui cause sa belle. Mais il le fait avec un art du « bien dire » que souligne la finesse des accents et des rimes, que les compositeurs en ont été inspirés et ont su si bien su traduire en rythmes et en chants.
Les meilleurs compositeurs d’airs de cour étaient convoqués au château, avec Antoine Boësset, dont les œuvres étaient toujours chantées et éditées cinquante ans après sa mort, avec Gabriel Bataille, Sébastien Le Camus et Michel Lambert, dernier et magnifique représentant du genre.
Les interludes de luth et de théorbe (diverses pièces de Robert Ballard, Dufault, Gaultier, Gallot) nous ont plongé, grâce à Claire Antonini, dans des rêveries délicieuses telles qu’elles sont décrites avec tant d’esprit dans ce vieux texte d’époque :

« Quand un brave joueur en prend un [luth], et pour taster les chordes et les accords, se met sur un bout de table à rechercher une fantaisie, il n’a si tost donné trois pinçades et entamé l’air d’un fredon, qu’il attire les yeux et les aureilles de tout le monde ; s’il veut faire mourir les chordes sous ses doigts, il transporte tous les gens et les charme d’une gaye mélancholie, si que l’un laissant tomber son menton sur sa poitrine, l’autre sur sa main ; qui laschement s’étand tout de son long comme tiré par l’aureille ; l’autre a les yeux tout ouverts ou la bouche entrouverte, comme s’il avait cloué son esprit sur les chordes, vous diriez que tous sont privés de sentiment, hormis l’oüye, comme si l’âme ayant abandonné tous les sens, se fut retirée au bord des aureilles pour jouir plus à son aise de si puissante harmonie, mais si changeant son jeu, il ressuscite ses chordes, aussi tost il remet en vie tous les assistants et leur remettant le cœur au ventre et l’âme es sentiment, ramène tout le monde avec estonnement et fait ce qu’il veut des hommes. » (François René, Essai des merveilles de nature, 1629).

Le plaisir d’apercevoir les prairies par les fenêtres du salon semblait comme un signe envoyé par ces poèmes, où il n’est question que des charmes de la campagne, lieu destiné par essence au plaisir de l’amour : du moins nos poètes (Claude de l’Étoile, François de Malherbe et quelques anonymes) faisaient-ils mine de le croire, et le public, ravi, semblait tout disposé à les suivre.

Jérôme Dorival, Juin 2019


Bach, Zwei Clavier nebst Pedal

Concert du 26 mai

Le 26 mai à 16h, dans le salon du château de Montgeroult Jean-Luc Hô jouait un grand clavicorde de pédale ( 2X8’+ 1X16’ , jeux dissociables) surmonté de deux claviers (liés) dont la morphologie acoustique suggère  Hauptweck et  Brustwerck des orgues saxonnes. 

On sait que le clavicorde avait une place singulière chez les Bach, clavier à usage pédagogique il était célébré pour son cantabile mais aussi considéré comme un censeur rigoureux pour la technique de clavier. Carl Philippe Emmanuel disait en substance : « celui qui sait toucher le clavicorde saura jouer tous les autres claviers, le contraire n’est pas vrai ». L’inventaire de Jean Sébastien comporte la mention zwei clavier nebst pedal, précisément le genre d’instrument dont Jean-Luc s’est emparé. Sur cet instrument on travaillait la musique d’orgue à la maison bien au chaud, on improvisait, on éprouvait les nouvelles pistes : les sonates en trios et la grande passacaille, par exemple. 

Le concert a débuté par le choral Vater unser im Himmelreich ( BWV 636) qui d’entrée nous fait gravir les marches de l’introspection spirituelle et permet d’entrer dans le son du clavicorde.

La Fantaisie Chromatique et fugue qui suivent, d’un genre bien différent, nous projettent dans un flamboiement acoustique moiré, ponctué d’accents orageux (pédale), des cascades de glissandi colorés dans un jet qui semble improvisé. Ce genre foisonnant correspond parfaitement au style phantasticus. Jean-Luc s’est ensuite engagé avec conviction dans le contrepoint de la fugue nous laissant nous ébrouer les oreilles au sortir de ce feu d’artifice.

La suite Française en sol majeur, révèle d’autres qualités du jeu de Jean-Luc au clavicorde, entre poésie et danse, vigueur rythmique nonchalance rappelant parfois le clavecin et souvent le luth dans un discours maîtrisé mais libre.

La fameuse Chaconne de Bach pour violon transcrite pour le clavier nous laisse pantois, comme emportés dans un mouvement de tourbillon, mélange d’arabesques, de volutes sur un thème  obsédant, le clavicorde n’était alors plus un instrument de musique mais un vecteur acoustique qui transfigure le discours. Pour la fin du concert, Jean-Luc a joué la Dorienne (Toccata et Fugue en ré). C’est à ce moment que nos oreilles ayant pris la véritable dimension de l’instrument sont prêtes à entendre sonner les grandes orgues, on s’y croit tant la densité du jeu et l’immersion au cœur du discours musical du grand maitre est intense. Tourbillons et mouvements de vis ascendants, descendants sont si intense dans la toccata que nous sommes tout ébouriffés, néanmoins prêts à affronter les grandes architectures de la fugue. Les contrepoints sévères nous révèlent alors une dimension spatiale, des perspectives étonnantes auxquelles nous avons été préparés.

Ces concerts dans le salon du château sont de véritables moments de bonheur, la fenêtre sur le parc nous permet de reprendre pieds dans un univers plus pastoral après ces instants de lévitation :que du bonheur !